Message de Monseigneur Christory du 25 mars 2020 – Fête de l’Annonciation

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

L’Annonciation faite à Marie, rapportée par l’évangéliste saint Luc, est une fête magnifique d’un événement tellement discret : un ange nommé Gabriel visite une jeune fille dans une maison inconnue, un village tout simple, parmi des gens fidèles au Seigneur qui lui rendent amour pour amour, ceux que la tradition juive nomme les anawims, que l’on traduit par les « pauvres du Seigneur ». L’ange lui annonce qu’elle sera la mère du Sauveur si elle l’accepte.

C’est le surgissement d’une parole de vie, la Parole divine elle-même, celle par qui tout fut fait, qui vient déposer la vie dans le sein maternel de Marie.

Comment parler de la présence divine en Marie ? 

L’Esprit Saint descend sur elle, la troisième personne de la Sainte Trinité, comme la nuée sur la tente de la rencontre quand Moïse pérégrinait dans le désert, dans laquelle était placée l’Arche d’alliance, qui contenait les deux tables de la loi. Cette histoire lointaine qui se déroula 1400 années plus tôt préparait la venue du Verbe divin. La nuée se posait sur la demeure de Dieu ou sur Israël en marche. C’est bien l’Esprit Saint, dit Isaïe qui guidait le peuple vers son repos : « Comme on fait descendre le bétail dans la vallée, l’Esprit du Seigneur les menait au repos. » (Is 63,14)

Puis les prophètes ont annoncé que Dieu habiterait de manière stable parmi son peuple, et l’invitait à la joie : « Chante et réjouis-toi, fille de Sion ; voici que je viens, j’habiterai au milieu de toi – oracle du Seigneur » (Za 2, 14) et encore « je mettrai mon sanctuaire au milieu d’eux pour toujours. Ma demeure sera chez eux, je serai leur Dieu et ils seront mon peuple » (Ez 37, 26b–27). Cette présence, en hébreu la Shekinah, la Demeure du Seigneur, était symbolisée dans l’Ancien Testament par la nuée, la tente de la rencontre, le temple de Jérusalem, le mont Sinaï, là où réside la Gloire du Seigneur. Le judaïsme affirme « alors le temple se remplit de la nuée de la Gloire du Seigneur. » En réalité la Gloire du Seigneur, c’est le Seigneur lui-même. 

Peut-on affirmer et comprendre que Marie est le nouveau Temple empli de la nuée de la Gloire du Seigneur ?

Oui, car le texte de saint Luc reprend le même verbe utilisé dans l’Ancien Testament pour nous dire ici : « L’ange lui répondit : l’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. » (Lc 1, 35)

La nuée, c’est l’Esprit Saint qui vient remplir Marie. Aussi Marie devient la nouvelle Arche qui accueille la Gloire du Seigneur, le Verbe qui prend chair en elle. Nous pouvons nous réjouir car elle est dorénavant la demeure de Dieu parmi les hommes, elle est la nouvelle « fille de Sion ».

La conséquence immédiate de l’enveloppement de Marie par l’Esprit, dès son acquiescement par son oui – « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » (Lc 1, 38) –  sera la conception virginale en son sein d’un être divin, sans le concours d’un homme – elle le dit elle-même à l’ange « Je ne connais pas d’homme » (Lc 1, 34) – , et c’est pour cela que celui qui naîtra sera appelé « Saint » et « Fils de Dieu ». Il sera donc le premier-né de la nouvelle création, création sauvée et réconciliée qui donnera à toute l’humanité de former le nouveau peuple dont le Christ est la tête, peuple qui est son corps, l’église, elle-même enseignée et conduite par l’Esprit Saint qui lui donne vie : « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. » (Jn 16,13)

C’est l’infinie délicatesse de Dieu qui se propose et ne s’impose pas, elle est même l’expression ultime de la toute puissance créatrice de Dieu qui rejoint l’humanité qu’Il a accompagnée depuis tant de siècles à travers ce peuple choisi, le peuple juif, venant faire sa demeure parmi les hommes. Mystère de présence qui va perdurer jusqu’à nous. Le Seigneur est dorénavant avec nous, il accompagne nos vies, il vient frapper à la porte de notre cœur et si nous sommes disposés à l’accueillir, il vient chez nous : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » (Jn 14, 23)

Chez nous faire sa demeure, c’est participer à notre quotidien, mais surtout et de manière extraordinaire, c’est nous offrir le repas eucharistique lorsque son corps est livré pour le salut de chacun de nous. En ces jours de confinement, l’absence de l’eucharistie se fait sentir et certains expérimentent un véritable jeûne. Mais cette distance d’avec la Sainte Messe ne nous éloigne pas de Lui, aussi nous ne doutons pas de sa présence car il a promis : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20b). Sa présence remplit nos cœurs et nous l’expérimentons différemment, non par les sens mais par la foi. Elle nous élève vers une maturité plus adulte de notre foi pour l’accueillir et lui répéter jour après jour : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » (Jn 6, 68-69)

Ne laissons pas échapper ce temps en vaines activités. Recentrons-nous sur l’essentiel, l’accueil de Dieu comme la Vierge le fit par son fiat, et que cela puisse susciter un déploiement dans notre relation les uns avec les autres, par téléphone ou par les réseaux Internet.

Ces jours, circulent des demandes de consécration de la France à la Vierge Marie. C’est une louable demande mais qui appelle une préparation pour que tout le peuple catholique y soit associé. Aujourd’hui, confinés dans nos maisons, c’est le temps de la consécration à Jésus-Christ par la Vierge Marie de nos propres foyers, de nos églises domestiques que sont nos familles et nos groupes fraternels. Habitons ce quotidien par nos prières lancées vers Dieu et sa Parole. Et continuons à prier le chapelet, l’angelus, etc. 

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 
Et nous nous confions à la prière de la  Vierge Marie, avec l’angelus :
V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.
Je vous salue Marie, ….
V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.
Je vous salue Marie…
V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.
Je vous salue Marie…
V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.
R/ Amen. 

Mgr Philippe Christory
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publié par Pierre-André